Hauteur | 11.2 cm |
Largeur | 42 cm |
Profondeur | 33 cm |
Poids | 3.5 kg |
Connectique | RCA ligne, RCA phono |
Entrainement | Par courroie |
Type | Manuelle |
Vitesse | 33 tours, 45 tours |
Cellule amovible | Oui |
Préamp phono débrayable | Oui |
Platine abordable made in Pro-Ject, la E1 Phono est un modèle qui embrasse toute la philosophie de la marque. Design épuré, fonctionnement manuel, conception soignée : ce produit a tout pour lui sur le papier.
Typique de la marque, la E1 Phono est une platine assez minimaliste, puisque sans aucun automatisme, et presque sans réglages simplifiés. Le constructeur livre ainsi ce qu'il sait faire le mieux, à savoir une platine à entraînement par courroie au design simple et élégant, ici composée d'un bras en partie réglable (antiskating). En somme, une bonne entrée en matière dans le monde de la platine manuelle.
Il existe trois versions de ce produit : E1 (sans préamplificateur), E1 phono (préampli débrayable), et E1 BT (préampli et émetteur Bluetooth).
La Pro-Ject E1 Phono est disponible depuis le second semestre 2022, pour un tarif de 329 €. Trois déclinaisons cohabitent : blanc, noir et noyer (version testée).
Difficile de ne pas reconnaître dans cette platine la patte de Pro-Ject, qui à l'instar de Rega avec sa Planar 1 Plus fait la chasse à toute forme de bouton apparent ou de discontinuité dans le design. Tout est ici est très pur, la platine se voulant particulièrement discrète. De fait, elle se révèle plus compacte et plus légère (3,5 kg) que la plupart de ses concurrentes, malgré un très bon niveau de finition.
Ici aucun secret, le constructeur développe un châssis en mélaminé, assez fin mais plutôt rigide. Associé au placage, cette platine procure une très bonne sensation, bien que le rendu soit peu en-dessous d'une Planar 1 Plus ou d'une Audio-Technica AT-LPW50BTRW, deux références certes plus dispendieuses.
Le plateau de rotation est assez intéressant, puisque Pro-Ject n'utilise pas ici d'aluminium moulé, mais de l'ABS, renforcé par des nervures. Cet élément n'est pas très agréable au toucher, mais plutôt efficace en pratique (pas de problème avéré de planéité). Notons qu'il existe un plateau optionnel (129 €), en acrylique usiné, bien plus qualitatif car bien plus rigide et plus dense.
Le bras est de son côté assez classique, puisque ce dernier est entièrement conçu en aluminium anodisé, et totalement droit. Aucun reproche particulier, nous avons affaire à une pièce suffisamment large, fixée sur un système de pivot très fluide. En revanche, seul le contrepoids est facilement accessible via un système à coulisse, et il faut faire une croix sur l'antiskating. Bon point : Pro-Ject livre sa platine avec une bascule (mesure de la force d'appui de la cellule) et un petit guide d'alignement de la cellule.
La platine dispose de trois pieds pour le découplage, et non quatre, ce qui n'est pas inhabituel pour une platine. En l'occurence, cette petite particularité, si elle n'entrave pas la bonne isolation de la structure face aux petites vibrations, n'apportent pas une immense stabilité. Il ne faut par exemple pas s'amuser à appuyer sur les côtés du produit.
La E1 Phono est livrée avec un plateau cache-poussière en acrylique, un câble RCA vers RCA de 1,23 m avec prise de terre (broche), un couvre-plateau en tissu, et un petit set de réglage pour la platine (clé Allen, bascule et guide papier).
Philosophie Pro-Ject oblige (bien que des contre-exemples existent), la E1 Phono est un modèle manuel. Aucun démarrage automatique du moteur, aucun contrôle du bras en début et en fin de disque, tout doit être effectué par l'utilisateur.
Deux points permettent tout de même à la platine de se démarquer de l'aridité ergonomique de la Rega Planar 1 Plus. Premièrement, la vitesse de lecture est contrôlée par un bouton et non par le placement de la courroie sur différents niveaux, bouton discrètement placé sur le côté. Celui-ci affiche trois positions : off, 33 tours, 45 tours. Second avantage, le préamplificateur phono est désactivable.
La cellule est quant à elle remplaçable, puisque le bras de lecture dispose d'un montage classique de type 1/2. Il y a donc plus complet en matière de réglages et de fonctions, mais la Pro-Ject E1 Phono dispose déjà d'une dimension évolutive.
Simple mais assez efficace, la platine de Pro-Ject affiche de bonnes performances générales, ce qui se retrouve dans sa gestion de la distorsion. Cet indice reste très contenu, à la fois dans le test à 1 kHz et dans le test à 100 Hz. De même, la diaphonie est dans la moyenne haute des platines testées ici. Rien à dire sur ces différents points.
Pourtant, difficile de passer à côté du défaut principal de la E1 Phono, la stabilité très perfectible de son moteur. Celui-ci est, étonnamment, un peu trop lent. Notre mesure test s'effectue à 3150 Hz, la platine Pro-Ject renvoyant alors un signal environ 50 Hz plus bas (vitesse inférieure d’environ 1,6 %) qu'espéré. Ce chiffre n'est pas suffisant pour être vraiment perturbant à l'oreille, mais il peut se traduire par des imprécisions. De même, l'indice (DIN) de pleurage et de scintillement atteint ici les 0,28 %, ce qui est franchement élevé, en tous cas bien au-dessus des autres platines testées dans notre sélection. Un tel niveau peut affecter certaines propriétés sonores, comme la spatialisation (erreurs dans la variation d'amplitude) ainsi que la tonalité.
À l'oreille, il est évident que la Pro-Ject n'affiche pas la même rigueur que ses concurrentes d'Audio-Technica ou Rega, probablement du fait de ces imprécisions dans la rotation. La sonorité est un peu plus étriquée et un peu plus "floue". Mais cette imprécision mise à part, la E1 phono n'est pas désagréable pour autant. Le préampli phono affiche une vraie rigueur technique, d'où une certaine maîtrise sonore, et une assez bonne clarté. Le son reste relativement détaillé, voire assez riche. On sent clairement que la cellule Ortofon OM5e utilisée ici en a dans le ventre.
Élégante et épurée, la E1 Phono est une platine manuelle bien pensée. Sans être la plus complète ni la mieux finie, elle procure une expérience suffisamment mature pour l'amateur de vinyle ne souhaitant pas se ruiner. S'il n'est pas parfait techniquement, ce modèle reste plaisant d'un point de vue sonore.